• Extraits du document de notre bio-architecte préféré qui préparait le bio-forum de Barcelone.

      "L'ordonnancement de Barcelone fut érigé par l'architecte Ildefons Cerdà. Il avait pour but, comme le fit Hausmann à Paris, d'empêcher la révolution sociale en permettant que l'armée puisse tirer le long d'avenues rectilignes. Cela n'empêcha pas la victoire dans la rue du peuple catalan, sous l'impulsion majoritaire des anarcho-syndicalistes, contre le soulèvement militaire le 19 juillet 1936.
      (...)
      Cependant nous savons, aujourd'hui, que ceux qui portent l'avenir sont en dehors des conflits principaux, ils sortent du consensus antagonique et ont une autre intentionnalité.
      (...)
      Rappelons que notre espèce vit deux conflits en permanence: exploiteurs/exploités, dominants/dominés et s'ajoute à cela la destruction par notre espèce des autres espèces animales et végétales. Nous insistons sur la forme de lutte qu'est le consensus antagonique. La nouvelle approche n'est plus d'affronter directement les forces des multinationales et des Etats, mais de ne plus participer, de ne plus collaborer et d'utiliser d'autres échanges que la monnaie car nous en sommes à la neuvième crise depuis 1971 et rien n'a changé fondamentalement dans le système. Développons l'autonomie sur tous les plans en utilisant l'argent pour la fin de l'argent.
      
    La difficulté majeure du développement des ressources locales est que les individus sont formés pour ce type d'économie de dépendance tant au niveau scolaire qu'au niveau travail.
      (...)
      Notre proposition stratégique est d'introduire le vivant des autres espèces dans la ville puisque ce n'est que le lieu de déploiement de la marchandise et de la pollution; dans la ville il manque le végétal et l'animal.
      Si nous regardons l'occupation de l'espace actuel de la ville, que voyons nous? :
    les rues envahies par la marchandise pilote que sont les voitures avec la pollution y afférent,
    des hommes marchandises qui vont à leur emploi, des commerces et des banques diverses et variées,
    des touristes qui sont le produit du loisir marchandise, qui déambulent et consomment,
    des arbres plantés mais impropres pour se nourrir,
    des plantes non comestibles dans les squares et autres lieux, au-dessus dans les immeubles trônent les diverses occupations bureaucratiques (assurances, pouvoir administratif, etc.)

      Nous vous proposons d'utiliser les toits terrasses pour créer un autre possible:
    En mettant en place des jardins potagers, la récupération et le traitement des eaux usées, de la production d'énergie, des habitats écologiques démontables. Tout ceci pour répondre aux nécessités vitales: se loger, se soigner, se nourrir, ne pas polluer, aimer, s'aimer et se transporter le plus écologiquement possible.

      
    Si en 2004 il y a eu le contre-forum des 30 multinationales qui avaient prévu de se réunir.  Aujourd'hui, en 2008, la stratégie est de présenter des solutions individuelles et collectives autonomisantes sur les toits terrasses, de les fédérer sur un site internet qui répercutera, si possible, sur l'ensemble de la ville et ailleurs le dépérissement de l'urbain:
    C'est l'URBARURALISME. "

      Pour en connaitre les développements concrets, allez donc jetez un oeil sur le lien suivant:  http://ascaso-durruti.info//pagebarr/biocd/francais/versofranc.pdf

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  •   Ce qui suit est un texte qui a été écrit pour la Bourse d'échanges de semences qui s'est tenue à Celles. Il était question de présenter les tenants et les aboutissants du potager en tant qu'action illégale, ce qui s'y vivait depuis sa création en février. Il faisait partie d'une brochure aux cotès du texte de F. publié ailleurs sur ce blog ("Éléments critiques..."). Ces deux textes se veulent comme des productions particulières de deux usagers du potager, mais pas plus: ils ne sont pas une émanation d'un introuvable collectif.
      Les photographies ci-dessous ont été prises par JSA à Celles.

    Occupation sans droit ni titre d'un délaissé urbain

     

    Nous avons – c'est le moindre de nos mérites, et celui parmi tous que nous apprécions de manière égale – rendu disponible un emplacement, gagné sur le reste de l'espace structuré par la propriété privée. Encore que nous sommes dans un lieu qui n'est pas clair: l'État en est le propriétaire, l'Université en est l'occupant sans titre et la responsable, la famille de la concierge en ayant la jouissance. Mais, à commencer par cette dernière, personne n'en faisait rien, si ce n'est celle à qui on ne pense pas, la grande absente, l'introuvable Nature, qui s'y donnait à coeur joie. Ce pourrait presque être là une limite de notre action, le levier d'une critique possible, puisque nous avons détruit un coin, non pas de nature, mais d'ensauvagement, pour y mettre en place une biodiversité organisée. Nous favorisons ainsi certaines espèces plutôt que d'autres en même temps que nous rejetons les plantes spontanées et adventices dans la catégorie des mauvaises herbes. Par ailleurs, en préparant le terrain, nous avons enfoui de l'humus, nous avons mis à nue la terre, massacré des lombrics, fait preuve d'une réelle cruauté.

    Le propre d'une occupation est de révéler un lieu du fait que des individus s'en réapproprient les usages. Avant d'être un potager, c'était pour certains un couloir de passage lors des derniers mouvements étudiants par lequel on transitait nuitamment. Aujourd'hui, c'est une place connue de bouches à oreilles, une place qu'on peut être amené à visiter suite au hasard qui nous a fait tomber sur le panneau qui en indique le chemin, à l'ombre du marronnier. On y accède alors après avoir déambulé entre une haie de cyprès et le parapet; on continue encore sur le sentier que les allées et venues de chacun commence à tracer, et derrière cette autre haie, le potager se jette au-devant du regard, en bloc, avec tout son désordre entretenu, ses couleurs, ses claies et le tracé de ses soles en forme de roue.

    Justement, une de nos premières décisions a été au niveau de l'organisation de l'espace de manquer sciemment aux principes de rationalité et de fonctionnalité. Nous avons rejeté le cordeau et avec lui tout l'urbanisme des potagers classiques et de leurs boulevards, avenues, rues parfaitement quadrillées. Nous avons limité les angles droits.

     

    Infokiosque


     

    Le potager contre l'institution

    Quant à nos rapports avec l'administration, nous aimions plaisanté à ce propos, quand nos buttes étaient encore nues et qu'elles semblaient des tertres, en disant qu'ici reposait la présidente, là gisait le vice-président, là encore le secrétaire général... Manière de signifier que les responsables administratifs étaient (et restent) muets comme des tombes! Le crime de lèse-propriété est resté impuni, papa et maman se sont contentés de faire les gros yeux, mais on peut être sur qu'ils nous attendent au tournant! S'empareront-ils de quelques incidents (une pioche dans la tête, un feu pour une grillade, etc.) pour monter au créneau et faire évacuer le lieu, sous prétexte que les étudiants sont en danger, ou je ne sais quoi encore? Alors, peut-être ceci – qu'aucun affrontement n'ait eut lieu – nous ferme-t-il la porte et bloque certaines initiatives, pèsent sur les délires créatifs comme une épée de Damoclès, nous obligent enfin à calculer les prises par lesquelles nous pourrions être réprimés ou récupérés? Ça nous pendrait au nez au moindre grabuge, si par hasard on plantait « de la drogue » ou que des éléments étrangers au campus et perturbateurs (ça va ensemble) s'y immisçaient. Mais, n'en déplaise aux bureaucrates, l'Université n'est pas un sanctuaire et nous accueillons tout le monde indistinctement (et puis on aime bien se faire perturber). Sur la question des drogues maintenant, faut-il rappeler que la sorcellerie est un usage des plantes?..

    Nous n'avons pas cru bon de demander l'autorisation d'ouvrir ce potager pour la simple raison que c'est quelque chose qui nous est dû, comme il est dû à chacun d'avoir une maîtrise sur ses conditions d'existence. Nous passons le plus clair de notre temps sur le campus parce que nous y avons accès à des ressources éducatives et intellectuelles, parce que nous y avons l'occasion de rencontrer, discuter, retrouver, croiser des personnes différentes, parce que les pelouses légendaires de Paul Valéry à l'ombre des pins, des magnolias et des mûriers nous siéent particulièrement. Aussi nous avons voulu aller plus loin encore en nous réappropriant un espace délaissé, en jetant des passerelles entre les étudiants et le personnel “d'entretien des espaces verts“ avec qui nous échangeons des bonjours, des sourires, des conseils et des légumes, en attendant de pouvoir discuter ensemble des techniques qu'ils emploient mais aussi de la position de classe qu'ils occupent. Car je veux croire que nous ne sommes pas les uns face aux autres comme de modestes salariés face à des futurs diplômés qui gagneront plus et les emploieront peut-être dans le jardin de leurs villas. Nous nous rejoignons sur une activité, nous allons vers eux puisque nous partageons une activité manuelle, mais nous n'avons pas en commun les mêmes fins, pas plus que nous ne voudrions connaître le même destin, à savoir cinq jours de prostitution, deux jours de réanimation. Personnellement, je n'attends pas de l'Université qu'elle me forme, qu'elle me donne « les compétences nécessaires à l'acquisition d'un emploi », comme on dit. L'accès qu'elle me permet à certains enseignements qui me font jouir, par-delà la médiocrité et l'inféodation au système qui sont le lot des autres, la plupart sinon; l'accès à des livres, des logiciels, à l'Internet; la possibilité de rencontrer des pairs avec qui je puis me passionner, m'interroger, critiquer, chercher, inventer: voilà ce que je viens chercher sur le campus, voilà les usages que je fais de l'institution, alors que ce droit de libre accès devrait être effectif pour tous ceux qui en ressentent le besoin. Or, il ne l'est pas.

    Donc, il doit être pris. L'ouverture du potager a été pour moi une rupture dans la passivité du milieu étudiant au moment où je découvrais qu'en voulant me conduire comme un passager clandestin de l'institution, j'en étais devenu un simple consommateur, j'en acceptais la règle du jeu. Je continue, par exemple, à ne pas refuser les notes; je me soumets à l'évaluation sans en contester, par les actes, le principe. Le potager est une manière de contester ce à quoi on nous destine, une disruption dans le trajet qu'on nous a tracé “de l'Université à l'Emploi“ et une critique de la séparation travail manuel/travail intellectuel qui nous classera du côté des dirigeants. Une brèche qui voudrait engouffrer l'institution.

     

    Infokiosque


     

    Festins collectifs et gratuits

    Un point sur lequel nous sommes tous d'accord c'est quant à ce que nous faisons et allons continuer de faire des récoltes. Nous tenons à partager nos légumes avec le plus grand monde possible au cours de festins collectifs et gratis – sur le lieu même, mais pourquoi pas aussi déborder sur les pelouses du campus, voire dans le quartier pour ce qui est de cet été?! Les membres les plus actifs du potager auraient très bien pu emporter, chacun chez soi, les fruits de leur labeur. Ce qui se fait ailleurs. Mais c'eut été pour nous une façon de se payer à la mesure des efforts fournis. Or il faut en finir avec ce principe d'équivalence. Ce qui nous conduit au refus de faire payer à l'occasion des repas collectifs, fut-ce à prix libre. L'esprit du don doit être total. La création de ce potager s'en ressent: il a été fondé sur le don de semences et d'outils, grâce à d'autres jardiniers et des maraichers, et il se doit d'être le point de départ d'autres prestations tous azimuts.

    Cependant, et malgré l'esprit de récupération qui est le nôtre, le jardinage entraîne certaines dépenses (terreau, semences,...). Une caisse de soutien alimentée par les usagers ou les sympathisants a donc été prévue, déconnectée de la participation aux repas comme de toutes distributions de semences, voire de la diffusion des brochures de notre futur infokiosque. De même, ceux qui donneront ne seront pas nommés, ni remerciés nommément.

    Infokiosque


    Critique de la sociologie à coups de bêches

    Du côté de ceux qui l'ont initié, le jardin potager s'est embrayé sur une critique de la sociologie. Paul Valéry étant Université des lettres, des arts et des mal-nommées sciences sociales et humaines. De la même façon que je veuille faire mien l'art et la manière de cultiver la terre à des fins vivrières, ce potager libéré se voudrait être un espace où les étudiants en sociologie, ethnologie, etc., en repensent et se réapproprient les « métiers ». À quoi veut-on rendre habiles et compétents les futurs sociologues dans l'Université? À qui profite la sociologie? Et qu'est-ce que faire de la sociologie veut dire, implique, induit? Pour ma part, je ne me sens pas l'aise avec les méthodes de la pratique dominante, pas plus qu'elles n'agréent l'objet, la population, qu'on me prescrit d'approcher, d'étudier. Sa position en surplomb, son objectivité, voudraient faire oublier au sociologue qu'il appartient à une pluralité de groupes, alors qu'il faudrait peut-être replacer la sociologie au sein d'un groupe, ou tout contre lui, l'adosser à des collectifs, mais de manière à en faire une référence explicite: le groupe comme réalité dans laquelle le sociologue est engagée. Il ne suffit plus de faire mine de s'en abstraire; ça ne trompe personne. Qu'on le veuille ou non, chacun est pris dans des appartenances, alors autant définir clairement celles pour lesquelles on se bat. Le potager récuse la distance axiologique entre le sujet et l'objet, entre la connaissance et l'action, puisqu'il est établi sur le principe que faire, c'est connaître et connaître, c'est faire. Je ne connais bien l'institution que parce que je me place en porte-à-faux avec elle; je donne du sens et de la substance à des concepts parce que je les fais vivre. Au fond, l'homme connait la réalité pour autant qu'il la transforme.

    Chacun l'aura compris, je fais de la réappropriation des sciences, des arts et des métiers la grande affaire de ce potager.

    InfokiosqueOrganisation

    Pour ce qui est de l'organisation, pour ne pas dire qu'elle est inexistante, je dirai qu'elle est informelle. Au départ et pour lancer la chose, un seul individu a pris beaucoup de décisions; aujourd'hui, les décisions sont prises et discutées ad hoc parmi les 5/6 personnes qui sont le plus présentes. Le potager ne fait pas collectif. Toute initiative individuelle peut s'y donner cours, en accord avec ce qui a été fait auparavant par d'autres. Le potager est tout autant un lieu d'apprentissage, d'expérimentation, d'expression et de réflexion, où s'entremêlent pratiques culturales, modalités d'organisation et de coordination, idées politiques, philosophiques, ou autres. On peut trouver sur place un manuel de jardinage biologique, un calendrier lunaire et un cahier de liaison où chacun consigne ce qu'il a fait, ce qu'il reste à faire, ses idées géniales et ses réflexions critiques sur le lieu.

    Les usagers du lieu n'ont aucune obligation de mettre la main à la pâte ou d'aider pour justifier de leur présence. Le droit à la paresse est assuré, l'oisiveté encouragée et la morale du travail sous ses aspects laborieux, sacrificiel, responsabilisant, gratifiant et minutieux, y est sûre de se voir pourfendre en tous points. Ici, on oeuvre, on sieste, on lit, on bavarde, on aime, on festoie, on joue de la musique, mais on ne travaille pas.


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  • Extrait du Journal de recherche de Pascal Nicolas-Le Strat, professeur en sciences politiques à l'Université Montpellier III. 10 avril 2010

      "Attention, lombrics au travail. Des étudiants ont ouvert, sans autorisation (sans droit, ni titre), un jardin potager sur le campus de l’Université Paul Valéry, dans un espace laissé en friche qui, paradoxalement, se situe à proximité de l’entrée principale, en voisinage d’un des lieux les plus fréquentés de la fac, mais qui, protégé par une haie et situé en hauteur, a su se faire oublier. La disponibilité, le possible, se tiennent proches de nous, pour peu qu’on sache les voir, en détournant son regard ou son chemin. Je le dis d’autant plus sincèrement que, pour ma part, je n’ai pas su voir. Je franchis le portail de l’université de nombreuses fois par semaine, mais déjà préoccupé par mes activités, dans un rapport essentiellement fonctionnel au lieu et aux espaces. Dans mes travaux de recherche, j’insiste sur le fait que les interstices n’existent pas comme tel, en soi, comme s’il suffisait de les saisir. Les interstices émergent sous notre regard, par notre attention, par la portée créative et constituante de notre action. C’est ce que le collectif Mauvaise Graine a su faire : détourner le regard, le contourner ou le retourner, et engager un rapport radicalement différent à notre espace quotidien massifié (plusieurs milliers d’étudiants et de personnels). Le collectif a ouvert un interstice ; il opère une rupture dans l’ordonnancement habituel des activités et des déplacements en introduisant de manière intempestive une activité inhabituelle, discordante, illégitime. Il a fallu que je reçoive ce mail de Julien pour le découvrir : comme vous êtes « professeur dans l’enceinte même du forfait, je me suis dit que nous pourrions nous rencontrer ».

      "Pan sur le bec dirait le Canard. Le sociologue est renvoyé à sa modestie ou à ses chères études. Il ne suffit pas d’avoir écrit « Occupations temporaires » ou « Multiplicité interstitielle » pour être capable de « voir ». Une « occupation temporaire » était en cours dans un de mes espaces de vie, un interstice prenait forme et je passais à côté, au sens propre et physique du terme.

    "L’action du collectif Mauvaise Graine relève de ce que j’ai pris l’habitude de désigner comme une politique de l’expérimentation, à savoir la capacité de faire jouer une nouvelle hypothèse dans une situation donnée, mais une hypothèse effective, agissante, constituante (il s’agit bien de la création d’un potager !). Et s’il devenait possible de jardiner et de cultiver dans un lieu destiné classiquement à l’enseignement et à la recherche. Et si l’on découvrait que ces activités ont beaucoup à partager, beaucoup à se dire. Une telle hypothèse interpelle notre vie institutionnelle et met à l’épreuve nos standards de raisonnement et de fonctionnement. Elle esquisse de nouvelles perspectives, non pas à elle seule, mais à travers les divers processus qu’elle amorce. Lorsque j’ai rejoint Julien et un de ses amis, nous avons longuement discuté, du jardin (par exemple des réseaux de préservation et d’échange de semences paysannes), de leur initiative (le fait d’occuper un terrain sans autorisation)… et au final de la pratique sociologique (la façon dont j’ai travaillé en tant que sociologue avec des collectifs-occupants, dans des squats ou des friches).

      "La création de ce potager, par son caractère intempestif et transgressif, introduit un nouveau « centre de perspective » dans la vie institutionnelle, un nouveau point de vue qui permet de ré-interroger tous les autres. Sur le blog du collectif, je trouve cette information : « À noter aussi que de 12h à 14h des potagériens avec d’autres ont constitué un groupe de chant : ça se passe soit au potager même, soit au préfa’ musique qui est sur le parking, derrière le potager ». C’est en cela qu’une telle initiative est absolument vitale et essentielle. Seules l’irruption (de l’inhabituel) et l’interruption (du cours des choses) sont en mesure de réveiller et de ragaillardir notre pouvoir d’initiative et de création (notre faculté constituante).

      "Cette occupation « potagérienne » représente une critique en acte, jouissive et incisive, des logiques utilitaristes et managériales dans lesquelles l’Université est emportée aujourd’hui. Une telle initiative m’aide à moins désespérer de l’institution dans laquelle j’exerce mon métier. Si l’ouverture d’un potager reste possible…

      "J’aurais tort de terminer ce billet sans souligner que le jardin est cultivé avec un réel art-de-faire et qu’il est agencé avec beaucoup d’élégance ; ce qui rend ce lieu particulièrement agréable à fréquenter. Les potagériens se sont construits leur coin de bonheur. Voilà qui est en soi tout à fait transgressif."

    Source: http://blog.le-commun.fr/?p=300  

    À ceci près que La Mauvaise Graine ne désigne pas un introuvable collectif, mais n'est que le nom d'un emplacement réel (le potager) et une adresse (ce blog), j'ai été très content de la visite de Pascal, et du billet qui s'ensuit. 
    Je renvoie à un texte qu'il a produit au sujet des jardins sur palettes de La Chapelle: http://www.le-commun.fr/index.php?page=un-projet-d-eco-urbanite-iscra-2004
     Juliem 


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  •   Formellement, ce potager est un espace de non droits institutionnels étatiques. Le droit d'usage y a, de fait, court ; il a, en effet, été approprié de façon violente, sans et contre l'avis de son propriétaire privé qui ne l'utilisait pas. Son statut de squat lui confère un statut précaire car menacé par l'administration de la fac. Sa récupération politique (son institutionnalisation officielle) par cette dernière est à prévoir et à réfléchir préventivement.

      Fondamentalement, il serait intéressant qu'il s'agisse d'un espace critico-créatif :

    * en plus des plantations, qui ne sont, au fond, pour moi, qu'un prétexte, pourraient fleurir des formes épanouissantes de liens sociaux au sein de la séparation ambiante (critique des rapports dominants [hiérarchiques, de domination, genrés...].

    ** la critique de la nourriture en tant que marchandise et de sa production industrielle capitaliste devrait en être une des bases et mener à l'organisation de repas gratuits grâce aux récoltes – si ceux-ci doivent aboutir à quelques dépenses, il existe divers moyens de ne pas réifier la nourriture, de ne pas la transformer en objet marchand et la commercialiser –.

    *** l'utilisation de son corps qui y est employée, mais aussi donc de son esprit, doit rentrer dans le cadre d'un épanouissement individuel conscient, que pourrait suivre, par la suite et de façon coordonné, un épanouissement de l'ensemble des individualités du collectif, donc du collectif lui-même.

    **** les concepts d'autogestion et de réappropriation sont à critiquer et être pensés en vue d'une transformation radicale de la société : qu'est-ce qui est à auto-gérer et à se rapproprier, et dans quel but ? Ou plutôt : il n'y a rien à auto-gérer et à se réapproprier dans cette société aliénée par sa racine capitaliste et tout y est à supprimer dans un but révolutionnaire de dépassement ; c'est la stratégie de la destruction créatrice et de la création destructrice.
      En d'autres termes, la question se pose sur la création d'un lieu autonome individualiste dans et par rapport au capitalisme ou sur la création d'un espace qui ne se contente pas de lui-même et dans lequel se développerait une praxis (théorie cohérente par rapport à une pratique effective) révolutionnaire.
      Ce dernier type d'espace serait un élément parmi tant d'autres dans le cadre de la dynamique d'un mouvement plus large, mouvement qui aurait comme objectif final l'émancipation générale des masses.

    ***** aux premiers abords, ce terrain étant propice, par sa forme, au développement d'une exaltation des traditions ancestrales et de ses savoir-faire, une critique de ceux-ci et du contexte social qui leur a donné naissance serait judicieuse ; il faut notamment se rappeler que les sociétés paysannes étaient loin d'être émancipatrices et donc bien analyser ce qui est puisé dans des formes antérieures d'oppression sociale et se demander vers quelle dérive politique ils peuvent doucement nous faire glisser.

      Afin de lier tout ces points, un projet social de base est donc à envisager pour savoir exactement de quoi on s'éloigne et de quoi on se rapproche. Pour ma part, je trouve nécessaire une révolution sociale et libertaire et prenant en compte l'émancipation des désirs non réifiés et réellement épanouissants (révolution sexuelle) et pense que cette base théorique pourrait être celle de ce potager.

      Cet essai non exhaustif ne demande qu'à être critiqué et discuté.

    F. 

     

    * * * *

      Quoique ce soit moi, Juliem, qui publie ce billet, je n'en suis pas pour autant l'auteur.  

     


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  •   Au gré des discussions sur la qualification du potager avec des personnes qui en étaient extérieures, on m'a beaucoup reproché de parler de "potager autogéré".
      "C'est la moindre des choses: il n'est pas besoin de le mentionner!", m'a-t-on dit, ou encore: "Ça va de soi!". Par destination, un jardin collectif serait donc autogéré...
      Or, rien n'est moins sur. Peut-etre meme le nomme-t-on ainsi dans la mesure où il ne l'est pas: l'autogestion fait cruellement défaut. Les décisions ont été de mon ressort le temps de le lancer, maintenant, elles sont plurielles, sans qu'on puisse dire qu'elles sont partagées: on en parle à 2, 3 personnes, parfois 4, mais nous n'avons pas su instituer des temps ou des espaces de réflexion commune quant à l'organisation du potager.
      L'autogestion, ça veut dire croire que ce que nous faisons là, ce n'est pas un jeu, mais que nous touchons à de réels enjeux - qu'un groupe d'individus en s'appropriant un espace public délaissé (espace qu'ils révèlent, font exister et doivent maintenir ouvert aux quatre vents) soit capable de s'organiser sans les rapports de propriété, les rapports marchands, en assumant les multiples dimensions dont un tel lieu se veut etre la totalisation. 

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